Étudier le Zen, c'est comme perforer du bois pour obtenir du feu.
La façon la plus habile, c'est de continuer, sans s'arrêter.
Si vous faites une pause au premier signe de chaleur, puis dès que le premier filet de fumée s'élève, même si vous perforez pendant des années, vous ne verrez jamais une étincelle de feu.
Mon lieu de naissance est près du rivage de la mer, à peine à cent pas de la plage.
Supposons qu'un homme de mon village veuille savoir quel goût à l'eau de mer, et qu'il veuille aller la goûter de lui-même.
S'il fait demi-tour après avoir fait quelques pas ou même s'il revient après avoir fait cent pas, comment pourra-t-il connaître le goût salé, amer, de l'océan ?
Mais, même s'il est un homme qui vient d'aussi loin que les montagnes de Koshu, s'il continue sans s'arrêter, en quelques jours, il atteindra le rivage et, au moment où il trempera le bout de ses doigts dans la mer et le léchera, il connaîtra instantanément le goût des eaux des océans lointains et des mers voisines, des plages méridionales et des rivages septentrionaux ... en fait, de toute l'eau de mer du monde.
Dogen in Zen : Direct Pointing to Reality, Anne Bancroft