Mes excuses ... au(x) vivant(s).

En moins de 40 ans d'existence, je me considère comme quelqu'un ayant un impact majeur sur mon environnement.
Volontairement ou non, consciemment ou non, je pollue, je détruis, j'agresse et j'endommage mon espace de vie ...
Tout cela, par le fait même d'exister, de vivre et de consommer sur cette planète.
Il n'est jamais simple d'aborder ces questions ou ces thèmes si "abstraits" pour certains et/ou si "inintéressants" pour d'autres. Mais avec l'âge, on devient de plus en plus attentif, conscient, soucieux de la réalité, des autres et surtout du monde dans lequel nous vivons.
Je n'ai aucunement l'intention de faire la morale, de critiquer ou de juger qui que se soit puisque cette fois encore, c'est un exercice de simple constatation de ma personne qui m'importe. Pour sortir des habitudes, des schémas, des mécanismes potentiellement limitant et destructeurs qui pourraient me faire agir sans que j'en sois même conscient par moment.
Nous sommes tous conditionnés dès notre plus jeune âge par une culture, une société, un environnement "éducatif" particulier auquel nous nous conformons et/ou auquel nous voulons absolument correspondre pour nous sentir "appartenir" à quelque chose de vrai, d'utile, de reconnu ... de semblable ... à nos pairs, aux hommes, au(x) vivant(s).
Mais tout ne tient qu'à un fil ... il suffit d'ouvrir les yeux une seule fois pour se rendre compte de la réalité "réelle" des choses, de la réalité des comportements, de la réalité de nos croyances et de nos fonctionnements ...
Et c'est là enfin, qu'opère la magie de la "prise de conscience".
Il n'y a pas les hommes d'un côté et le "vivant" de l'autre. La civilisation d'un bord et la biodiversité de l'autre, MA maison et LA maison du vivant, des animaux, des végétaux et de tout le reste qui assure la vaste complexité de notre réelle demeure ... à savoir, la Terre.
En 38 ans de vie ... j'ai dû passer 30 ans à être un pollueur intense, parfois même extrême ...
Non pas que je veuille entrer dans un raisonnement de pollution zéro puisque c'est techniquement et logistiquement impossible. Et exister ... est déjà en soi un impact majeur sur l'environnement.
Nous abordons cela en philosophie avec la notion d'interdépendance des états et des phénomènes. Puisque rien n'existe de par lui-même mais bel et bien, en découlant d'interactions entre "causes" et "conditions" qui lui permettent d'exister.
Alors qu'elle est ma place dans ce vaste monde, dans ce vaste univers ?
Comment j'utilise la vie qui m'est donnée pour en faire quelque chose d'utile ?
Qu'est ce que je réalise concrètement dans ma vie pour intégrer la belle chaine du vivant ?
Des questions qui peuvent sembler futiles à beaucoup de monde mais pour ma part, elles relèvent du plus haut défi que l'humanité aurait à relever. Pouvons-nous continuer ainsi, sur cette lancée sans en payer le prix / les conséquences dans un avenir plus ou moins proche ?
Quel est l'impact de mes gestes du quotidien sur mon environnement ? Ne suis-je pas en train de détruire ce qui, justement me permet de vivre ? Et comment faire une fois que tout sera épuisé ou mort ... comment pourrais-je faire / continuer / évoluer / arranger ?
Le moindre "caprice", la moindre "envie", le moindre "plaisir" matériel coûte particulièrement cher à cet édifice du vivant particulièrement fragile. Et JE suis un acteur de cette situation. Même si je fais attention, le moindre geste "inconscient" peut me coûter tous mes efforts passés ... de quoi devenir fou si l'on ne fait pas vraiment attention.
Mais oui, il faut simplement conscientiser la valeur et l'impact du moindre de nos gestes du quotidien. Nous n'avons plus le loisir de faire comme si de rien n'était. Nous ne pouvons plus nous permettre de regarder ailleurs et de vivre "normalement" au détriment des autres.
Plus jeune, j'étais fumeur et je jetais mes mégots partout, dans la rue, dans la nature, partout sans y faire attention. Des milliers de mégots qui polluent chacun, l'équivalent de 500L d'eau potable et des espaces incroyables de la nature à cause des multiples polluants qu'ils contiennent. Donc en plus de polluer mon corps, j'ai "(in)consciemment" aussi pollué mon environnement.
Chaque fois que j'ai choisi d'acheter quelque chose de "neuf" alors que j'avais accès à la même chose d'occasion, j'ai participé à l'ajout de déchets inutiles et égoïstes dans le système de poubelle "Terre". Tout achat neuf coûte en ressources qui sont de moins en moins disponibles ... mais nous faisons comme si cela n'était pas possible.
La Terre offre tout cela comme si c'était une production "infinie" alors que "pas du tout" ... les stocks de toutes les ressources sont à un stade critique, le pétrole et les métaux rares en premier lieu. Mais personne ne s'y intéresse et tant que c'est disponible au Walmart ... bah !
De même, j'en ai fini avec les grands voyages en avion à travers le monde ou l'Europe. Ce n'est pas parce que l'on plante des arbres aujourd'hui que j'ai le droit de me dédouaner de la pollution que génère ma petite envie ... surtout si la compensation faite par lesdits arbres ne pourra se faire que dans quelques années puisqu'ils sont plantés jeunes et encore immatures (donc incapables de capturer le CO2 de manière très optimale).
Il y a quelques années déjà que j'explore les voies de la sobriété, du minimalisme et de la décroissance volontaire mais c'est clairement "mignon" comme approche quand on regarde l'état du monde qui nous entoure et à quel point il se dégrade de plus en plus vite.
Vivant au Québec, je m'intéresse au moyen d'être plus "actif" dans le domaine de l'écologie, de la vulgarisation de la pleine conscience, du développement personnel, de l'amoindrissement des impacts humains "inutiles", sur soi, sur les autres, etc ...
Mais ce n'est pas simple, facile ou aisé.
Il y a tellement de choses à faire.
Et quand je vois que seulement 40% de nos déchets recyclables, le sont réellement. Que le verre est seulement enfoui et non retraité, que l'on résiste à la notion de "consigne" comme dans le temps, que l'on affectionne l'idée du tout jetable, de l'achat compulsif pour se faire plaisir et/ou faire plaisir les autres, de rejeter toujours plus de CO2 dans l'atmosphère, de déchets dans la Nature, d'exterminer des espèces vivantes pour notre bon plaisir, d'éradiquer la biodiversité et les territoires sauvages sans même parler de notre considération pour des cultures et sociétés autochtones qui sont mille fois plus avancées que nous sur toutes les questions en lien avec la Nature et la gestion de ressources naturelles limitées ...
Nous n'avons rien compris ... et en plus,
nous en sommes fiers aux vues de nos actes et de nos pensées.
On peut être d'accord sur le principe et ne rien faire pour autant.
Cela revient à être complice du silence et du "laisser-faire".
Il est peut-être temps que cela cesse ... grâce à nous.
Quand je vois les enfants de mes ami(e)s, je me dis "merde" je fais parti de ceux qui ont "pourri" leur avenir et leur planète. Mais le pire, c'est que je scie la branche sur laquelle je suis assis avec mes actions. Les bouleversements majeurs qui s'en viennent auront bien lieu de mon vivant, je n'ai même pas l'excuse de dire ... c'est pour les prochaines générations et je ne serais plus là. Si si ... je serais bien là (normalement).
Alors intérieurement, je leur demande "pardon".
Pardon de laisser le monde dans cet état.
Et pardon de continuer à le faire ...
Tout comme je suis triste depuis des années lorsque je vois un animal sauvage sur ma route. Car me permettre d'être sur son chemin implique que j'ai envahi d'une manière ou d'une autre, SA route, SON environnement, SON chemin. Il n'a rien demandé à personne et nous lui avons imposé une belle route en plein milieu de sa forêt, de sa plaine, de son habitat.
Le monde est autant à l'un qu'à l'autre, c'est ce que l'on appelle l'égalité des espèces. Et comme la vie nous a permis à tous d'être là, il n'y a aucune raison de penser qu'elle nous favorise plus qu'une autre ... ce n'est que notre ego qui pense cela.
Le monde est devenu "un consommable" et nous nous sommes détachés de lui depuis longtemps (Descartes) avec toutes les conséquences que cela engendre et que nous connaissons. Mais ce n'est pas parce que nous avons toujours fait de même, qu'il faut continuer, encore et encore. Aller jusqu'au bout des choses, de la destruction, du pillage.
Il y a une tristesse envers le monde qui