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Photo du rédacteurSylvain Rouchié

Apprendre à détruire sa maison ...

Dernière mise à jour : 28 avr. 2022



Il fut un temps où je vivais à la campagne ...


Pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez que je viens d'une famille de la Terre, du maraîchage, des légumes, des truffes, des noyers, des châtaignes, des vaches, des brebis, des ruisseaux, de l'élevage des oies et des canards, du foie gras, des châteaux, des légendes, de la pêche, de la chasse, du bon pain et des bons ami(e)s.


En fait, j'ai grandi accompagné d'une liste, tout bonnement incroyable, de gens, de rencontres et de produits fabuleux tirés d'une Nature généreuse, luxuriante et verdoyante.


Observer les chevreuils, les biches, les sangliers ou les renards à quelques mètres seulement de la maison. S'amuser à les nourrir avec quelques restes habituellement destinés aux poules et prendre le temps d'être là, à savourer cette chance d'assister à ces rencontres avec le vivant, avec la Nature.


Avec ceci venait également un immense savoir et une culture gigantesque acquise avec le temps et les générations. Malheureusement, en y regardant de plus près, cette sorte de dynamique avait un peu de mal à trouver son rythme et son énergie pour continuer son si long chemin laborieux au travers des années 80-90.


Et puis mes parents sont partis ... vers la ville,

et j'ai donc suivi.


Avec le temps, la vie a fait son bout de chemin et je ne suis revenu que très occasionnellement dans ces contrés verdoyantes ou l'activité de la Terre n'a fait que diminuer d'année en année au rythme des jeunes qui désertent ces lieux isolés et où les anciens disparaissent lentement mais sûrement.


D'ailleurs, j'en profite pour faire un dernier clin d’œil à mon dernier grand-père parti cette semaine ... au revoir papy ! Tu es, sans doute, mieux là où tu es que durant ces dernières semaines bien étranges.


C'est dans ces moments-là que l'on constate le poids de la distance dans nos relations et dans les lieux que l'on a l'habitude de côtoyer. Mais cela n'a pas empêché que mes retours soient anecdotiques depuis que je vis en Amérique du Nord.


Toutefois, c'est dans l'éloignement que l'on peut, à mon sens, mieux profiter de ce que l'on a vraiment quitté.


Par chance, j'ai acquis depuis ma plus tendre enfance la valeur des choses, des gens, des bêtes, des lieux, du sacré et de l'éphémère. Notre environnement est une ressource fragile mais puissante et il ne tient qu'à nous de le faire prospérer et perdurer ou au contraire, de le détruire à jamais à grand coup de paroles et de béton armé.


Je ne me souviens pas avoir vu un papier traîner par terre, tout était réutilisé ou le serait bientôt et il n'y avait pas de place pour l'inutile ou le superflu. Nous étions dans la logique du travaille pour récolter et manger. En fait, ce n'était pas si extrême, mais l'idée était là, on travaille dur pour récolter quelque chose. Alors ... ne le gâchons pas.


Pourtant, en arrière plan, il y avait quand même le poison qui coulait ...

les engrais chimiques et les pesticides nous permettaient une meilleure production.


Il y avait certes une conscience écologique bien établie mais étrangement, en parallèle, il y avait une sorte d'inconscience courante sur tellement d'autres aspects. C'était particulièrement intéressant à explorer avec le recul. Les enjeux étaient différents, les besoins et les promesses également.


Et là encore, le temps a passé ...


Maintenant, je regarde de plus en plus horrifié le monde d'aujourd'hui. Cette inconscience généralisée qui prend du terrain associée à un "je m'en foutisme" insondable qui côtoie l'abandon des maigres motivations à essayer de changer quoi que ce soit ... autant vis à vis de soi-même, que de nos habitudes ou encore des méthodes destructrices qui composent notre propre société.


C'est comme si nous en étions rendu là ... "C'est ainsi ... que veux-tu faire ?"


Mais ... tout est à faire !

Tout est possible !


Notre absence à nous-même, notre incapacité à répondre à nos véritables besoins, à comprendre ce que nous sommes en tant qu'être humain, à vivre notre place au sein de cet environnement, à saisir correctement le fonctionnement de cette planète ... perdue dans ce petit coin de l'univers.


Nous avons perdu le sens de notre vie,

Nous avons perdu le sens de LA vie.


Nous avons tout misé sur la science et ses applications. Celle-ci nous permet de mieux utiliser notre environnement. Mais ... notre environnement n'a pas à être utilisé car ce n'est pas une chose : c'est notre maison, c'est notre terre, c'est le socle sur lequel nous marchons depuis l'aube de l'humanité.


Nous n'avons toujours rien compris ... nous nous trompons encore et encore de chemin car nous n'avons pas à utiliser notre monde : nous avons à vivre en lui. Si nous sommes attentifs un temps soit peu, nous pourrions remarquer qu'il nous donne déjà tout ce dont nous avons besoin sans jamais rien forcer.


Mais pourquoi vouloir encore et toujours plus ? Toujours plus de ce qui n'est pas là ? Toujours plus de ce qui n'est pas utile, disponible, de saison ou simplement nécessaire ?


Sommes-nous condamnés à n'être rien d'autre que des consommateurs ? des utilisateurs de ressources dont nous ne comprenons rien et dont nous ne voulons rien savoir tant qu'elles remplissent l'étal de notre épicerie ? D'où vient cette viande offerte aujourd'hui ? Est-ce que cette viande de chevreuil provient d'un animal sauvage qui venait d'avoir un faon avec sa femelle et qui n'avait rien demandé à personne si ce n'est ... vivre sa vie dans sa forêt "presque" loin de tout ?


Avons-nous vraiment besoin de ce type d'aliment pour vivre correctement ou est-ce seulement pour satisfaire nos papilles inlassablement attirées par de nouvelles saveurs, quitte à ce que cela coûte bien plus que le petit plaisir éphémère tiré de cette dégustation.


Avant, lorsque l'on tuait pour manger, on utilisait vraiment toutes les parties de l'animal ... qu'en est-il aujourd'hui ? Seuls les autochtones continuent d'appliquer les rituels sacrés associés à la chasse qui leur permet de vivre et de perpétuer leurs traditions, leurs modes de vie.


Sommes-nous plus évolués en ayant perdu notre rapport au vivant et à la Nature ? Est-ce que le fait de ne plus vouloir connaître l'origine de nos produits fait de nous, des humains ... plus humains ?


Nous ne parlons pas de connaître le pays d'origine d'une viande mais bel et bien de "saisir" d'où vient réellement cette viande, de quel animal est-elle tirée, à quel être vivant précis nous avons ôté la vie ? Et s'il y avait une photo de l'animal sur le bel emballage de l'épicier ... l'achèterions-nous encore ?


L’achèterions-nous pareil si c'est nous qui devions appuyer sur la détente ? Si nous devions prendre du temps dans notre semaine surchargée pour aller chasser, tuer et préparer ce bon petit plat que nous allons invariablement gâcher avec d'autres saveurs pour finalement ne l'apprécier que moyennement ou même simplement finir par le jeter ...


Quelles ont été les expériences de cet animal ? Quelles ont été ses plaisirs, ses joies, ses peurs ou ses douleurs ? Que lui a transmis sa mère dès son plus jeune âge ? S'imaginait-il mourir ainsi pour finir dans notre assiette ou même juste "invendu" au lieu de pouvoir finir tranquillement sa vie dans son milieu naturel ?


Qu'il s'agisse de l'animal ou de son milieu de vie ... nous partons du principe que tout est à nous car nous l'avons acheté. Mais quel droit avons-nous sur le vivant ? Quels droits nous permet de nous octroyer ses droits ? C'est un non-sens aux yeux du vivant et de la vie !


Depuis 25 ans, je m'intéresse au Bouddhisme et au Taoïsme, deux philosophies et traditions d'Orient qui auraient tellement à nous apprendre sur le rapport de l'humain avec son environnement et avec le Vivant. Il n'y a pas nous d'un côté et, de l'autre ... tout ce qui peut être consommé.


C'est une harmonie fragile qu'il est nécessaire de maintenir plus que jamais, car le monde s'écroule sous nos pieds et nous en sommes la cause. Pourtant, nous ne faisons rien et nous choisissons même d’accélérer notre processus de consommation ... car il nous faut "toujours plus".


Le temps d'observer la biche sur le pas de la porte est révolue ... désormais, notre première pensée est qu'un chasseur ne doit pas être bien loin et que nous pourrions peut-être, nous-mêmes prendre un coup de fusil maladroit en guise d'acte de contemplation.


Il ne fait plus bon d'admirer la Nature ... c'est devenu dangereux.

De toute façon, nous n'avons plus le temps pour ça, notre série va bientôt commencer.




Aujourd'hui, je rêve de me balader sans avoir à me baisser pour ramasser un déchet. Ou simplement rencontrer un animal vivant et libre de l'humanité. Sans pour autant que quelqu'un s'exclame haut et fort ... VENEZ VOIR VITE !! Faisant fuir toutes formes de vie à des kilomètres à la ronde par cette impolitesse face à la Nature ... mais taisez-vous bon dieu.


Malheureusement ... j'en suis plutôt au stade où je vais bientôt prendre la route pour aller justement, ramasser des déchets voire des montagnes de déchets. Car la Nature n'a rien demandé mais elle accumule. Elle accumule inlassablement ce qu'on lui déverse dans la gueule et tente, tant bien que mal de garder un équilibre dans tous ses écosystèmes ... pendant que nous ... nous nageons en plein ego-système.


Nous avons appris à détruire notre maison et nous l'apprenons désormais à nos enfants.

Saurons-nous arrêter à temps pour la consolider et lui redonner sa splendeur ?


Moi, j'ai le goût de changer encore et d'avancer, de prendre conscience un peu plus de mes actes et de mes gestes. J'annonce toujours la même question aux personnes qui viennent me consulter : As-tu conscience de l'impact de ton geste, de ta parole ou de ton absence ?


Non ? Alors, il serait temps de revenir "ici et maintenant" pour faire face.

Assumons ce que nous avons fait et allons de l'avant.


Sinon ... à quoi bon ?


Nous n'avons qu'une seule maison et nous marchons dessus. C'est elle qui fournit tout ce dont nous avons besoin depuis notre apparition et maintenant, nous la bétonnons et nous la plastifions à petit feu ...


Il s'avère que notre mal-être profond vient, avant-tout, de notre séparation à la Nature et à ses nombreux bienfaits. Donc avant de nous lancer dans toutes sortes d'analyses sur des thèmes qui n'ont pas rapport, demandons-nous quel est notre rapport au vivant, à la Nature.


Vous verrez ou vous constaterez que vous avez établi tranquillement une séparation, un filtre. Et cela se répercute sur votre rapport avec les autres, avec vous-même et tout ce qui vous entoure. Il serait peut-être donc temps de revenir à l'essentiel, au concret, à ce qui est là sous nos pieds, à notre Terre.


Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde.

Gandhi


Pour ma part, je me pose toujours une simple petite question depuis plusieurs années maintenant ... quel est l'impact de mon geste ou de ma parole ? Et ... Est-ce vraiment utile ?

Si ça ne l'est pas ... je ne le fais plus. Tout simplement. Et puis je souris ... au mal évité.


Amicalement,

Sylvain


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