Cultiver la joie, c'est se rendre capable de se réjouir, se rendre capable de réjouissance. Et cela n'est pas affaire de hasard, mais de volonté, de libre volonté.
La joie se cultive. Elle est un certain regard sur l'existence. Elle est une manière de regarder ce qui existe en soi et autour de soi. Elle est une manière de vivre, donc, un art de vivre.
Le mot "joie" dérive du verbe "jouir" qui a donné aussi son doublet "jouissance". N'en déplaise aux contempteurs de la chair : la joie est ce que l'on ressent lorsqu'on jouit. Mais prenons garde à ne pas confondre joie et plaisir charnel. La joie n'est jouissance que lorsqu'elle concerne l'existence ou la vie prise comme un tout.
Le plaisir est ponctuel. La joie est un état d'esprit. Un homme joyeux accueille la joie et la fait vivre en lui. Et elle, pour le remercier de cet accueil, lui illumine le regard, lui donne le sourire, lui chauffe le coeur et lui ouvre les portes de la bienveillance, de l'alliance avec tout ce qui existe, de la résonance avec soi et le monde.
La joie est, à la fois, un état d'esprit et un art de vivre. La joie se décrète. Elle est une méthode que l'on adopte. Elle consiste, d'abord, à accepter, à assumer et à se réjouir du Réel tel qu'il est et tel qu'il va.
"Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible." disait Leibniz.
Le monde est est ce qu'il est, comme il est. Il n'y en a pas d'autres et il n'a pas que faire des états d'âmes humains. Le monde n'est pas là pour l'homme : c'est l'homme qui est là pour le monde.
L'homme a une raison d'être, comme tout ce qui existe ! C'est cela qui fonde la rationalité du Cosmos. Et la raison d'être de l'homme est d'être le pont entre la Vie et l'Esprit. Hors de là, point de salut. Toute vie d'homme qui n'est pas totalement consacrée à l'avènement de l'Esprit sur Terre, est une vie gâchée, inutile, perdue, sans sens ni valeur.
Spinoza disait que la joie est la conséquence de l'accomplissement de la vocation qui habite chacun. Tout homme qui, consciemment, délibérément, constamment, accomplit sa vocation d'homme, vit dans la Joie permanente. Tous les autres se condamnent à la tristesse. Et cette tristesse intérieure est bien le ferment de toutes les détresses que l'on voit, et qui tentent de se fuir dans l'alcool, la drogue, le bruit, les plaisirs artificiels, le sexe, le virtuel, les sensations fortes ... ou l'idéologie.
Car toute idéologie, qu'elle soit politique ou religieuse, n'est que le fantasme d'un monde "idéal" (idéal pour qui ?), rêvé pour éradiquer le monde réel : celui qui déteste l'herbe et la boue (parce qu'elles tachent ses jolis souliers vernis), rêve d'un monde de béton et de tarmac.
Texte tiré du livre : Le Taoïsme, un joli rêve de papillon. (Marc Halévy).
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Comment vivez-vous la joie dans votre vie ?
Comment cet extrait vous interpelle dans sa définition ?
Et voilà il me manque l’essentiel ,la volonté.