On a beau nous dire que la vérité du Zen est évidente,
qu'elle se tient devant nos yeux à tout moment de la journée ...
Cela ne nous mène pas très loin.
Il semble ne rien y avoir, quand on s'habille, que l'on se lave les mains et que l'on prend ses repas, qui indique la présence de l'illumination.
Mais quand un moine demanda à Maître Nan-ch'ua :
- Quelle est la Voie ?, il répondit :
- La vie ordinaire est la Voie.
Le moine demanda encore :
- Comment pouvons-nous nous mettre en accord avec elle ?
Nan-ch'ua répondit :
- Si vous essayez de vous mettre en accord avec elle, vous vous en éloignerez.
Car la vie, même sous la forme d'une série monotone d'événements quotidiens, est quelque chose d'essentiellement insaisissable et indéfinissable ; elle ne reste pas la même un seul moment ; nous ne pouvons jamais l'immobiliser pour pouvoir l'analyser et la définir ...
Aussi un maître Zen, quand on lui demande :
- Qu'est ce que la Voie ?, répondit immédiatement : "Marchez !", car nous ne pouvons comprendre la voie qu'en suivant son rythme et en acceptant ses transformations magiques et ses changements sans fin.
Par cette acceptation, le disciple du Zen est rempli d'un grand sentiment d'émerveillement car tout devient perpétuellement nouveau.
Le commencement de l'univers est maintenant car toutes choses sont créées en ce moment et la fin de l'univers est maintenant car toutes choses en ce moment disparaissent.
Alan Watts in The Luminous Vision, Anne Bancroft