Dans le Bouddhisme, il y a un mot qui signifie sans désir ou sans but.
L'idée est de ne rien poser devant nous, et courir après.
Quand nous pratiquons la méditation assise, nous nous asseyons juste pour être assis. Nous ne nous asseyons pas pour être illuminés, pour devenir des bouddhas, ou quoi que ce soit d'autre.
Chaque moment où nous sommes assis nous ramène à la vie, et nous sommes assis d'une façon qui nous fait apprécier d'être assis tout le temps.
La méditation en marchant est la même chose.
Nous n'essayons pas d'arriver quelque part. Nous faisons des pas paisibles, heureux, et nous en jouissons.
Si nous pensons au futur - ou à ce que nous voulons réaliser - ou si nous pensons au passé - nos nombreux regrets - nous perdons nos pas, et c'est très dommage ...
C'est un exercice d'art de vivre.
Tout ce que nous faisons peut être ainsi.
Que nous plantions des salades, lavions la vaisselle, écrivions un poème, ou additionnions des colonnes de chiffres, ce n'est pas différent.
Toutes ces choses sont de rang égal ... Je suis poète.
Un jour, un universitaire américain me dit :
- Ne perdez pas de temps à jardiner, à faire pousser des salades. Ecrivez plutôt des poèmes. Peu de gens écrivent des poèmes comme vous le faites, mais n'importe qui peut faire pousser des salades.
- Ce n'est pas une façon de penser correcte. Je sais très bien que si je ne fais pas pousser de salade, je ne peux pas écrire de poèmes.
Manger une mandarine, laver des assiettes, et faire pousser des salades en étant attentif, sont essentiels pour que j'écrive de la poésie.
Thich Nhat Hanh, The Heart of Understanding